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Connaissez vous Rhuys
22 avril 2020

Mercredi 22 AVRIL ENIGME N°4

Voici l'énigme N°4

pierre tombale reigieux de St Gildas 026  

Où se trouve cette croix et quel nom lui donne-t-on?

répondre à :

andrebourdet@gmail.com

 

ENIGME DU LUNDI 20  avril

14 personnes ont répondu à la 2ème énigme 11 bonnes réponses

 

Cette maison se trouve au village de Kerblay sur l'ancienne route de Saint Jacques. Elle appartenait à Joseph Marie LE QUINIO

1er maire de Rhuys

 maison dite à tort de le quinio de kerblay

le manoir en ruine est perpendiculaire à la maison et n apparait pas sur la photo

ruine manoir

 

 

LE QUINIO

LE CONVENTIONNEL[1]

 

le Quinio

J

oseph-Marie Le Quinio naquit le 15 mars 1755 à Sarzeau de l’union de Gildas-Nicolas et  Julienne Vallée tous deux originaires de Massérac (44) qui s’installèrent à Sarzeau après leur mariage en 1731.

 Il embrassa la carrière du barreau et s’occupa d’agriculture. Il obtint des États de Bretagne, où il siégea en 1784 et 1786, un prêt sans intérêt de 12000 livres pour établir dans la presqu’île de Rhuys la culture du murier, laquelle justifie le nom de Kermurier qu’il donna à l’un de ses domaines.

 Partisan modéré des idées nouvelles, on peut supposer qu’à cette période il ne semblait pas farouchement hostile à la royauté lorsque le commissaire au Roi aux États, Bertrand de Moleville, donna un avis favorable à ce prêt qui devait être approuvé par Louis XVI.

Il fit des essais de vaccination sur ses brebis « avec un berger et un jeune pâtre » : 100 bêtes étant déjà mortes, l’inoculation sauva une grande partie de celles qui restaient.

Joseph-Marie Lequinio était fils d’un chirurgien du Roi à Sarzeau, lui-même avocat, distingué au siège de cette ville dont il devint le maire en 1789. Il eut de vifs démêlés avec le comte de Sérent , seigneur de Keralier et gouverneur de la Presqu’île de Rhuys[2].

En 1789, Joseph-Marie signait « Le Quinio de Kerblay », du nom d’une propriété familiale située sur la commune de Sarzeau   (voir photo).

 

 

 Mais, dès 1791, il réduisit son nom en «  Le Quinio » , puis  « Lequinio »  tout court pour revenir à « Le Quinio de Kerblay » quand l’orage fut passé.

Le 2 septembre 1791, il fut élu à l’Assemblée Législative,  par 258 voix sur 381 votants.

Arthur Conte en fait ce portrait :

 « Aucun pardon n’était à attendre de lui, il était le seul Montagnard de la députation du Morbihan, et un révolutionnaire farouche. Il s’est fait connaître par quelques pamphlets tonitruants contre la noblesse et les prêtres. A la Législative, c’est lui qui a provoqué le séquestre des biens des émigrés. Il a présenté aussi une mention en faveur de l’émancipation des femmes et de l’institution du divorce, et l’autorisation de se marier pour les prêtres [3] ».

Lors du jugement de Louis XVI, Le Quinio lance : « un seul assassinat est puni de mort ; et je vois accumulés sur la tête de Louis, la trahison, les parjures, une longue conspiration, et la mort de 20 000 Français ; Louis a donc mérité plus que la mort… ». Il ajoute : « mais des considérations qui découlent de la faiblesse et de l’imphilosophisme pourraient faire redouter, dans le tyran aux galères, un chef de parti toujours prêt à voir une pitié mal entendue rompre ses chaînes et lui donner les moyens d’occasionner de nouveaux troubles à la liberté politique… Je vote pour la peine de mort [4] ». Sur les 8 députés du Morbihan, seul Lequinio demanda la mort ; Lemalliaud, Lehardy, Corbel, Gillet, Michel et Rouault demandèrent l’indulgence et Audrain, la mort avec sursis.

Un petit ouvrage archivé à la Bibliothèque de Versailles[5] relate :

« Lequinio J.-M., député du Morbihan ; il vota la mort du Roi, en regrettant que la sureté de l’État ne lui permit pas de le condamner aux galères perpétuelles, pour servir longtemps d’exemple. La Convention l’envoya en mission dans la Vendée, où il ordonna, encore pour l’exemple, qu’on fusillât 500 Vendéens. Depuis, il fut décrété d’accusation, pour avoir mangé avec les bourreaux ; pour avoir fait servir la guillotine de tribune aux harangues ; pour avoir forcé les enfants à se laver les pieds dans le sang de leurs parents exécutés ».

Il y avait un club révolutionnaire à Sarzeau. On peut lire, sur une maison du bourg, au niveau du linteau en granit d’une fenêtre du premier étage, cette inscription gravée : « Maison des Cultivateurs Ecole des Laboureurs[6] » ; c’est une pierre rapportée qui vraisemblablement  aura surmonté la porte du local de ce club.

Coïncidence remarquable, cette inscription reproduit le titre même d’un factum perfide de J.-M. Lequinio député, qui se trouve au presbytère de Sarzeau[7], « Ecole des Laboureurs ou lettre familière aux laboureurs de Bretagne[8] ».

En 1792, élu député à la Convention, il dépose un projet de canal entre la Vilaine et la Rance puis assume des missions sévères dans le Nord. Il est envoyé en août 1793 dans l’Oise et l’Aisne en compagnie de Lejeune, Isoré et Collot d’Herbois pour faire des « réquisitions que nécessite la défense de la République ». Il déploie un zèle inouï pour déchristianiser la Charente-Inférieure, se constituant « prédicateur de la morale philosophique », forçant sous les pires menaces à abjurer. Il ordonne l’arrestation de tous les nobles entre dix-sept et soixante ans pour les hommes, dix- sept et cinquante ans pour les femmes. On l’envoie ensuite réorganiser les ports de La Rochelle et de Rochefort. Il achève la désorganisation d’une marine en décomposition, arrêtant les officiers à tort et à travers. Dénoncé par les habitants de Rochefort pour ses exactions et ses rapines, il se cache jusqu’à l’amnistie votée par la Convention.

Le 25 germinal an VI, il est élu député du Nord au conseil des Cinq-Cents par 294 suffrages sur 522 votants. Lequinio ne siégea pas aux Cinq-Cents car il en fut exclu par le coup d’état directorial du 22 floréal an VI contre les Jacobins.

Rallié au coup d’état du 18 brumaire an VIII, il sollicite une place de préfet, mais on ne lui accorde qu’une inspection forestière à Valenciennes.

Après l’attentat de nivôse an IX contre le Premier Consul, il fut arrêté et relâché peu après. En germinal an X, Lequinio-Kerblay (il reprend presque tout son ancien nom) est nommé à un modeste emploi consulaire aux Etats-Unis. Il remercie le Premier Consul par cette lettre :

 

« Nantes le 11 germinal  an X

Lequinio, Sous-Commissaire des Relations Commerciales de Etats-Unis à New-Port, en Rhode Island, Etats-Unis d’Amérique, au Premier Consul de la République française et Président de la Cisalpine.

Général Consul,

Au milieu des transports de la joie universelle, l’expression de ma reconnaissance particulière pourra-t-elle parvenir jusqu’à vous ? Si quelque chose pouvait ajouter à mon bonheur en portant chez un peuple étranger une haute preuve de votre bienveillance envers moi, c’est de me trouver un des premiers à y annoncer l’inappréciable bienfait que vous venez de procurer à la Etats-Unis[9]. Il ne manque plus rien à votre gloire ; ce n’est plus pour vous que vous avez à vivre, mais pour la reconnaissance dont l’épanchement est devenu un besoin public. Agréez, je vous en prie, Citoyen Consul, l’assurance de la mienne, dont le témoignage sera une jouissance pour moi dans quelque partie du monde que je me trouve, et veuillez bien compter sur un dévouement entier et sur mon très profond respect[10].

Lequinio-Kerblay »

En 1802, quelques semaines avant son départ pour les Etats-Unis, il épouse à Paris[11] la descendante d’une des plus anciennes familles de la noblesse de Etats-Unis, Jeanne Odette Marie de Lévis-Mirepoix dont il n’aura pas d’enfant.

Il décède aux Etats-Unis en 1812.

*   *

*

Quelles que soient les opinions divergentes à son égard, Joseph-Marie Le Quinio aura marqué de son empreinte cette période troublée de notre Histoire.



[1] Henri Lacape, éditions Bière 1955, bibliothèque de Versailles,  cote : Lhéritier G 907

[2] Abbé Luco. Saint-Gildas-de-Rhuys p.406

[3] « Sire ils ont voté la mort. La condamnation de Louis XVI ». Arthur Conte, éditions Robert Laffont.

[4] Idem note n°3

[5] «  Petite biographie des Conventionnels avec leurs votes  dans le procès de Louis XVI », par un Jacobin converti.

[6] Bulletin La Maison forte n°14 p.15

[7] Extrait du bulletin paroissial de Sarzeau ; juin 1939 p.5

[8] Imprimé à Rennes chez Vatar le 30 mai 1780.

[9] La paix avec l’Angleterre signée à Amiens le 6 germinal (27 mars 1802).

[10] A.N., AFIV , 1450, publié dans la Révolution française, 1895, XXVIII, p. 367.

[11] Bulletin et Mémoires du Morbihan. Polymathique 2010

 

 

Bulletin de la Maison Forte N°19

 

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Commentaires
J
C'est la croix de Justice de Saint-Gildas...
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